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antiquités "vingt-neuf rue grande" à Moret sur loing
4 avril 2012

Florès autour de Vinci et sa Sainte Anne

Mercredi 28 mars le musée du Louvre inaugurait une exposition aux origines inhabituelles mais qui, gageons-le, vont devenir usuelles. En effet, la restauration et les découvertes faites à cette occasion de la dernière oeuvre de Léonard de Vinci ont initié cette exposition autour d'une seule peinture, beaucoup plus riche et structurée que l'on n'aurait pu le supposer. 

Après s'être posé l'incontournable question : pourquoi Léonard de Vinci entreprit-il en 1503 cette Sainte Anne qu'il n'acheva jamais ? (en l'hommage à la ville de Florence dont elle est la patronne et qui l'accueillait à cette date. ou à la demande de Louis XII, roi de France, qu'il a rencontré en 1499 à Milan, pour son épouse Anne de Bretagne ? ), question toujours sans réponse, que retenir de cette exposition ? 

Dès l'abord nous nous trouvons confrontés à l'imposante peinture de Lorenzo Tasolo "la famille de la Vierge" qui nous apprend qu'après la mort de Joachim, le père de Marie (la mère de Jésus), Anne se remaria d'abord avec son beau-frère, Cléophas, dont elle eut une fille prénommée également Marie et qui aura quatre fils: Jacques le Mineur, Jude, Simon et Joseph le Juste ; puis Anne, veuve de nouveau, épousa Salomé qui lui donna une troisième fille Marie (!!!) qui sera la mère de Jacques le Majeur et Jean l'Evangéliste... Quelle famille !

Certains y verront un exemple que "nous sommes tous cousins", d'autres la marque d'un népotisme précoce et avéré, voire une préméditation. Quoiqu'il en soit, si cette généalogie ne relève pas des écritures saintes, sa richesse iconographique est le témoignage de la vigueur des croyances véhiculées par les textes apocryphes et popularisées au XIIIème siècle par la Légende Dorée (en l'occurence au chapitre de la Nativité de la bienheureuse Vierge Marie le 8 septembre). 

Dépassons l'anachronisme historique du concept de Sainte Anne trinitaire ou ternaire, c'est-à-dire la réunion conjointe et fictive autour de Marie, d'Anne, la grand-mère, et de Jésus, le petit-fils, né pourtant après la mort de celle-ci, et comparons-en deux représentations fort différentes bien que contemporaines, autour de 1500, et de même destination, chacune ancien volet de retable. Le numéro 7 du catalogue, un haut relief espagnol (?) nous montre Anne et la Vierge, adultes, entourant Jésus enfant. A l'opposé le numéro 4 est un bas relief en bois polychrome, qui nous présente Jésus et Marie, de même âge et de même grandeur, dans les bras d'Anne. Anamorphose du temps ? 

Plus loin une étude de Léonard de Vinci (à la pierre noire et à la sanguine) pour la tête de la Vierge ( N°35) n'est pas sans évoquer les Préraphaélites que pourtant près de 400 ans séparent. 

Du maître encore, une "simple" étude pour le manteau de la Vierge ( N°41) laisse le visiteur contemplatif. 

Une autre raison d'aller voir la Sainte Anne restaurée s'ajoute à la qualité du chef d'oeuvre dont sont richement et savamment retracées les étapes d'élaboration sur près de vingt ans. Cette raison : le privilège d'avoir accès au dos du tableau. Même si les trois dessins du revers (dont une superbe tête de cheval) révélés par la réflectographie infrarouge sont difficiles à discerner à l'oeil nu, le visiteur accède au support de l'oeuvre, sa face brute, à son montage et peut s'imaginer transporté aux débuts de sa création... 

Il faut s'arrêter devant le grand carton prêté par la National Gallery de Londres, dit Burlington carton ou " la Vierge et l'enfant Jésus avec Sainte Anne et Saint Jean-Baptiste". 

L'exposition nous offre la chance de pouvoir comparer l'Ange de l'Annonciation du musée de l'Ermitage ( Saint-Petersbourg) et le Saint Jean-Baptiste de Vinci conservé au Louvre, côte à côte ! 

Elle réunit également la Joconde du Prado de Madrid à celle du Louvre mais pas au même étage... On peut se consoler en consultant : http://www.lefigaro.fr/culture/2012/02/03/03004-20120203ARTFIG00432-deuxieme-joconde-en-aucun-cas-leonard-n-y-a-mis-la-main.php

La belle Jardinière de Raphäel, elle, s'est déplacée pour la circonstance. 

Enfin il ne faut pas partir sans s'arrêter devant le tableau peint par Louis Béroud (1852_1930) qui s'intitule " Au Salon carré du Louvre". Un hommage en forme de clin d'oeil qu'aurait su apprécier Léonard de Vinci : le peintre copiant les "Noces de Canaa" de Véronèse invite à la table du banquet  la "Joconde" ainsi que "la Vierge et Sainte Anne" de Vinci, qui y côtoient "l'Homme au gant" du Titien, "Hélène Fourment et ses enfants" peints par Rubens, "Balthazare Castiglione" et "Saint-Michel" de Raphäel. François Ier, Titien, le Tintoret, Bassano et Véronèse lui-même y sont représentés ! 

Et si le nom de Louis Béroud vous rappelle quelque chose, sachez que c'est le même homme qui, se rendant au Louvre pour un dessiner la Joconde un jour de 1911, s'aperçut de sa disparition... elle avait été volée ! 

 

Encore un mot : avant, après ou les deux, faites un détour par la Librairie du Musée qui, comme à l'accoutumée, soigne la bibliographie autour des grands évènements culturels du Louvre. Du très beau travail ! 

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